L’EPOQUE
MODERNE
« DE PESTO, FAME, BELLO LIBERA DOMINE »
« de la peste, de la faim, de la guerre délivrez-nous
Seigneur »
Dans ce midi languedocien, les guerres de religion sont désastreuses
car elles recoupent des conflits d’origine féodale. Le
Bas-Languedoc est le théâtre d’épisodes
guerriers qui opposent Crussol "le parpaillot", à
Joyeuse "le papiste". Ce dernier, en 1562, mit à
sac Vias appartenant à Crussol, mais aussi Bessan et Touroulle.
Le XVIIème
siècle sera aussi tragique pour les sujets régnicoles
du Grand-Roi. En moyenne, les froids intenses dominent. Aux étés
humides qui pourrissent les blés succèdent les «
Grands Hyvers » comme ceux de 1693-1694 et de 1709, avec leur
cortège de famines, de disettes, de maladies et de morts.
Les épidémies, les « pestes », comme ont
disait alors, frappent des corps exténués, mal nourris.
En ce littoral lagunaire, des bandes sableuses et de « palus
», les fièvres y sont intermittentes. Contre ces maux
récurrents, l’homme est dépourvu, il ne lui reste
plus qu’à fuir.
Vers 1670, le déblaiement des terres marécageuses en
vue de la construction du canal du Midi souleva un miasme pestilentiel.
Alors que des familles entières furent décimées
par l’épidémie, nos Viassois se réfugient
à la Gardie.
Il ne manquait que la guerre ou les guerres. Elles sont proches, à
la frontière de la Catalogne où l’on se bat de
manière récurrente. Vias abritera un temps moult traîneurs
de sabre des régiments en route vers les Pyrénées.
De la mer peut aussi venir le danger. Le barbaresque d’abord
dont une escadre, aperçue au large du Languedoc, sème
la panique en 1635 ; l’anglais ensuite, qui échoue en
1710 dans une tentative de débarquement aux environs de Sète.
Aussi, pendant ces périodes de troubles, un guet est posté
au sommet de Saint Jean-Baptiste, surveillant l’espace maritime.
Cette époque
est résolument religieuse. La Contre-Réforme Tridentine
est à son apogée. Elle triomphe dans le décor
et la pompe baroques des églises et des processions, dans ces
confréries de pénitents souvent exubérantes qui
exaltent le sentiment tragique de la vie. De ce baroque mais aussi
de la Renaissance subsistent aujourd’hui quelques portes inspirées
des ouvrages de l’architecte italien Le Serlio venu en France
en 1550.
Vint enfin
le beau XVIIIème siècle. L’homme y apprit moins
à mourir et à mieux vivre. Le canal du Midi, les ports
de Sète et d’Agde ne sont pas sans influence sur l’économie
viassoise. On y fait toujours de la céréale qui s’exporte
vers Provence, Ligurie, Sardaigne, mais aussi du vin et des eaux de
vie qui viennent, chargés à Sète sur des bricks
et autres goélettes, régaler les gosiers britanniques,
bataves ou hanséates.
A la fin du XVIIIème siècle, Vias et ses quelques 1300
habitants campent au cœur d’un terroir agricole où
dominent les céréales. L’olivier et la vigne y
sont présents, accrochés au coteau de la Gardie, et
pour cette dernière, dans la plaine, vers Bessan.
Le village, quant à lui, à l’instar des modes
d’habiter caractéristiques des plaines méditerranéennes,
vit, groupé sur lui-même, enserré dans les ruines
de ses remparts. Il présente tous les attributs d’une
petite ville.
* Henri Vittumi,
« Vias et les Viassois, de l’époque moderne aux
temps contemporains»