EXPOSITION 2005 : JOURNEES du PATRIMOINE

(4ème page : XIXe et XXe siècles)

Panneau "XIXe siècle : La vie quotidienne"

Panneau "XIXe siècle : Politique et religion"

 

Panneau : XXe siècle

 

 

LES TEMPS CONTEMPORAINS
Révolution, contre révolution, république et expansion viticole

L’année 1789 est une mauvaise année, le grain pourrit sur pied et l’ombre de la disette plane. Les cahiers de doléances sont rédigés au chef-lieu du baillage, Vias y députe Gay, Belpal, Duvern, Rigaud, futurs leaders locaux, « coqs de village » et lettrés. Vias va traverser la révolution sans excès tout en épousant les évolutions nationales.
Ici comme ailleurs la révolution poussera au sommet du pouvoir local un mélange de notables d’ancien régime ayant traversé la tourmente révolutionnaire et de promus de l’ère républicaine.

L’Empire premier du nom apporte, pour un temps, la paix. En juin 1815, le retour à la monarchie sera dramatique à Vias. Guillaume Vieu, Maire de Vias, a laissé flotter le drapeau tricolore. Agde la Blanche, la royaliste qui déteste Vieu et le parti bonapartiste, dépêche sur Béziers sa garde nationale pour aider à la défense de la ville que l’on croit menacée. Le 29 juin au matin, les milieux populaires agathois pénètrent dans Vias, tentent de se saisir du Maire et saccagent son domicile. Le 30 juin, alors que la garde nationale de retour de Béziers est en vue de Vias, un fort parti de Viassois alerté par le tocsin se dirige vers la porte de Saint-Thibéry. L’affrontement, une fusillade éclate…les Viassois y laissent 4 morts et 9 blessés.

De 1815 à 1851, conservateurs ou libéraux alternent aux commandes locales et font l’objet de savants dosages dans les équipes municipales qui se succèdent. Les notables sont soucieux de l’édilité publique. Rascas de Palignan fait détruire ici et là les remparts en ruine qui corsètent le village, restaure en 1820 la fontaine publique et construit la halle en 1830. Le docteur Charles Duvern, soucieux d’hygiène, se préoccupe de l’état sanitaire du village. Car le village est sale. Les rues en terre battue reçoivent les eaux usées et immondices, le sud du village où s’écoule un égout est un vrai cloaque, terrain propice aux épidémies qui se manifestent.
En 1805, le village est mis en quarantaine, cerné par les troupes de ligne qui interdisent entrées et sorties, en 1835, le choléra frappe, en 1854, il sera encore plus meurtrier, en 1884, plus discret. Dans ces occurrences, nos Viassois se rendent en masse à Notre Dame du Grau emportant avec eux leur vierge miraculeuse.
En décembre 1851, le biterrois s’insurge contre le coup d’état de Louis Napoléon Bonaparte. L’affrontement est mortel à Béziers, à Bédarieux, à Capestang. A Vias, le soulèvement éclate sur la place publique dans un grand concours d’écharpes, de ceintures, de foulards rouges. Le calme revient après cette chaude journée et avec lui la répression qui frappe les leaders viassois emprisonnés à Brescou, déportés en Algérie.

A partir de 1860, la conjoncture est favorable au vignoble. Alors les prix s’envolent, la vigne descend du coteau de Dufour où on y fait bon vin selon le journal de l’Agriculture en 1868, elle chasse la céréale de la plaine du Libron ou des terres noires de Preignes, elle envahit les Cosses dans une myriade enchevêtrée de micro-lopins. En ordre de bataille, l’alignement sans fin des ceps vient battre les vieilles murailles du village. A la vigne, culture impérialiste, tout est sacrifié. A Vias, « tout y respire le vin ». La maison s’affirme vigneronne, cave au rez-de-chaussée, habitation à l’étage.
La vigne anime aussi tout un artisanat, tout un commerce de tonneliers, de charrons et autres foudriers qui s’activent autour d’une vaisselle vinaire. La vigne est une culture peuplante. Elle a besoin de bras pour sa culture. Précisément, ils arrivent ces tarnais, ces « gavatch » de leurs montagnes trop pauvres et trop peuplées. Nous touchons ici à une constante de la démographie viassoise. Plus qu’à un excédent des naissances sur les décès, c’est à un solde migratoire positif que Vias doit son accroissement. La vigne fonde aussi une civilisation où la richesse, quoique inégalement partagée, génère fêtes et réjouissances collectives.

Le temps de l’Eldorado viticole ne durera pas. Les crises de mévente apparaissent dès 1890 et le paroxysme est atteint en 1907.
C’est aussi le temps de la république triomphante. Elle prend le pouvoir à Vias en 1877 avec l’élection de Jean Marseillan et de son conseil municipal, représentatifs de cet univers de petits propriétaires viticulteurs se sentant bien en république. Le village connaît alors les progrès du siècle. Le chemin de fer, bien sûr, mais aussi le télégraphe et l’institution scolaire. Il se passionne pour la politique autour des conflits scolaires et religieux. Chaque café (ils sont nombreux) abrite le siège d’une affinité politique.

Janvier 1914…Il a beaucoup neigé… Août 1914… Il fait très chaud. Sur la place, la terrible nouvelle est tombée… C’est la guerre… accueillie avec enthousiasme, résignation et résolution… 66 des nôtres vont tomber, des craies de Champagne aux forêts de l’Argonne, de l’enfer de Verdun à la boue de la Somme. En 1918, la fin de la guerre s’accompagne d’une épidémie meurtrière de grippe espagnole. Le village s’installe dans un entre-deux-guerres maussade d’une économie viticole alanguie. La veuve en noir d’une guerre cruelle est honorée tandis qu’anciens combattants et enfants des écoles perpétuent le souvenir. La mode est aux bains de mer. Les Viassois se rendent les dimanches dans quelques grangettes du rivage, ils y déjeunent en famille, entre amis et poussent la chansonnette.

L’embellie sera de courte durée. En 1939, nos Viassois voient arriver les réfugiés espagnols qui fuient l’Espagne où s’achève une atroce guerre civile. La seconde guerre mondiale éclate et les années noires commencent. Vias accueille les réfugiés belges et ceux du nord de la France, des Alsaciens-Lorrains aussi. Il subit l’occupation allemande à partir de novembre 1942. En 1944, les Allemands en retraite font exploser les dépôts de munitions provoquant des dégâts considérables au village.

Après la guerre, viendront les temps de la reconstruction et bien vite les extraordinaires « sixties », les années 60, point de départ d’une société de consommation où le loisir s’impose comme mode d’exister.

L’Histoire est faite de permanences et de changements, de continuité et de discontinuités.

  •  Changements… En un millénaire, Vias est passé de quelques maisons groupées autour d’une tour à une bourgade moderne qui développe des métastases pavillonnaires. Que dire du phénomène touristique, de l’annexe littorale dix fois plus peuplée en été que le noyau historique ? Mais déjà, que sont les temps présents au regard, un siècle en arrière, de l’Eldorado viticole ?

  •  Permanence… Le cœur du village, les chemins du terroir ont globalement conservé, dans leurs structures, la patiente élaboration médiévale. Nos comportements, modernisés, n’excluent pas les excès et les violences primaires. Sous la croûte vernissée de la civilité sommeille le barbare.

    Cette ambivalence constitue la richesse de l’Histoire. Cette dernière est chose difficile…Assurément.

    * Henri Vittumi, « Vias et les Viassois, de l’époque moderne aux temps contemporains»

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